Criticism by David Rosenberg

무엇이 한 순간으로 변하는 가……
2011다비드로젠버그
(프랑스 현 예술 비평가, 예술서적 발행인 – 옮긴이)


작가 송지민은 여러 분야를 함께 걸쳐가며 작품 세계를 구축하고 있다사진드로잉시 그리고 아트 북뿐만 아니라 고문서 보존과 복원 분야도 넘나든다그녀의 작품 세계에서 예술이란 한마디로 현실의 한 자락에서 끌어낸 « 감동의 구체화: La cristallisation émotionnelle»라고 볼 수 있다이러한 과정에 앞서 그녀는 그 단편들을 분리하고 고민하고그것들을 결정화하는 과정들을 거친다.
유리 구슬 같은 소중한 기억들때론 투명하고맑지만 때론 어렴풋하며 혼잡스럽기까지도 한 일상. 그 속에서 찾은 익숙하고 또 아주 하찮기도 한 삶의 짧은 한 순간이 우리 안에 또 종이(페이지위에 계속 살아 머물고 있는 듯 하다.
흔적삭제기억앙티미즘 그리고 보기만지기. : 이것이 그녀의 « 오브제 리브르 : objet-livres »가 갖고 있는 질문이다이렇게 사라지고 나타나기를 반복하는 그녀의 몽환적이고 연금숙적인 작품은마지 작은 주헌절 같은 가녀린 폭로직관적 인식을 갖고 있다마치 우리가 암실에서 사진 인화지를 현상액에 담그는 것처럼그녀의 책은 그곳에 한 페이지씩 적셔져야 하고그러한 행동은 그녀의 책을 잠시 동안 투명해지게 해그 동작을 통해 곧 어떤 이미지가 것이 보여지기 시작한다.
역시 아주 투명한 종이에 작고 익숙한 « 비둘기 »와 « 달팽이 »에 관한 주제로 한 작업은 어린이들을 위한 이야기 세계를 연상시키며 듯 하며어떤 형용하기 어려운 영혼의 상태를 우연적 효과로 이끌어내고 있다. : 자웅동체의 고독한 운명그리고 육지와 하늘 가득한 마취 쥐로 취급되는 비둘기를 역설적인 피조물을 그려내고 있다
그녀의 작업 중 하나는 그녀에 허리에 맞는 « 허리띠- » 으로써도 존재하는데 이 책은 마치 그녀가 원하는 여행()에서 그녀의 행복과 소중한 가치가 그녀로부터 달아나지 않게 꽉 죄어주고 있는 듯하다이 호기심 가는 작은 오브제는 길고 얇은 종이로 이루어져 있고 그 위에는 어둠이 게걸스럽게 집어삼키는 풍경과 함께기차 창문에 비치는 덧없는 그녀의 얼굴이 야간 기차 여행의 기억들이 이미지와 글로써 표현되어 있다.
그녀의 흑백 사진 시리즈 « 현존하는 단어: Les mot présents »에서 작가는 마치 그녀의 책들이 우리가 가끔 손에 쓰게 되는 메모처럼하찮아 보이는 생각이 단지 조금 발전 된 해석만이 아니라는 것을 암시하고 있는 듯 보인다
« 내가 사랑하는 시Mes poèmes préférés »함께작가는아버지가딸에게끊임없이풀어놓는사랑스러운잔소리를내적인하이쿠(일본의전통적인단시)탈바꿈시켰다읽기도전에이미우리가어디선가들어본아주간단한단어와익숙한표현들은 « 가장개인적인것이가장보편적인것이다 » 라는그녀의생각을다시한번표현해준다.
이미죽어버리고알려지지않은흔적과자국들을자기만의것으로풀어내며작가는역시시간과기억이라는이야기를탐구하고있다그녀는전쟁속에서찾은무명의어린이들사진을모르고다시재생산사면서평온하고웃음이도는듯한호화롭고장대한무덤을세우고있다.


사라진순간들이다시솟아오르며여기에서저기로흔들리며가물거리는기억들은우리에게잊혀진밤으로인도한다가냘픈배에올라탄것처럼우리는강물처럼흐르는시간속으로함께방향을틀게된다.

Ce que devient l'instant…
Jimin Song travaille à la croisée de plusieurs disciplines : photographie, dessin, poésie et art (ou arts) du livre, mais aussi restauration et conservation d'ouvrages anciens.
Tout l'art, chez elle, consiste à produire une « cristallisation émotionnelle » autour et à partir d'un fragment de réelau préalablement isolé, médité et bercé par la pensée.
Perles précieuses du souvenir : tantôt clairs et limpides, tantôt obscurs et confus, des instants familiers parfois dérisoires continuent de vivre en nous ou bien sur le papier.
Trace, effacement, mémoire, intimité mais aussi voir et toucher : voici donc ce dont il est question avec ses « objets-livres », tel cet ouvrage rêveur et alchimique qui procède par apparitions et disparitions, petites épiphanies et fragiles révélations. Comme si nous plongions un papier photo-sensible dans un bain de révélateur, il faut en humecter les pages afin de les rendre momentanément transparentes et commencer à voir à travers elles.
Il y a aussi ces livres aux pages diaphanes consacrées à un escargot ou bien à des pigeons, de petits êtres familiers évoquant l'univers des contes pour enfants et incidemment quelques états d'âme difficilement formulables : destin esseulé de l'hermaphrodite ou paradoxe d'une créature vivant tantôt à ras de terre, tantôt en plein ciel.
Le travail peut encore prendre la forme d'un livre-ceinture à nouer à sa taille, comme le ferait un voyageur désireux de protéger ses biens les plus précieux en les attachant solidement à lui. C'est un curieux opus fait de longues et fines feuilles formant une boucle, sur lesquelles s'inscrit le souvenir imagé d'un périple nocturne en train : paysages engloutis par l'obscurité auxquels se superpose le reflet fugace du visage de l'artiste dans la fenêtre du compartiment.
Sa série de photographies en noir et blanc « Les mots présents » semble suggérer que tous ses livres ne sont que la version un peu plus développée de ces pensées-bêtes qu'il nous arrive d'écrire au dos ou au creux de la paume de nos mains.
Avec « Mes poèmes préférés », l'artiste transforme la litanies de remontrances affectueuses ou agacées qu'un père adresse à sa fille en un bouquet de haïkus intimistes. Ce sont des mots simples, des expressions familières que nous avons tous déjà entendu avant même de les lire ; une manière pour  elle se souligner que « le plus personnel est aussi le plus universel ».
En se réappropriant les traces et les empreintes de défunts inconnus, elle explore aussi la mémoire et le temps de l'histoire. Elle accumule et retravaille des photographies d'enfants anonymes tirées d'images d'archives de la guerre de Corée afin de leur édifier un paisible et souriant mausolée.
Les instants disparus ressurgissent ; de-ci de-là les lueurs vacillantes du souvenir nous guide à travers la nuit de l'oubli. Embarqués sur de frêles esquifs, nous dérivons ensemble au gré des courants sur le fleuve du temps.

David Rosenberg
Paris, janvier 2010